RADIO COMMUNAUTAIRE LOCALE DE FALÉA AU MALI

LA RADIO LOCALE DE FALEA EMET DEPUIS LE 25 juillet 2011

Une radio communautaire locale a été mise en route le 25 juillet 2011 grâce à l’appui de la Ville de Genève et du Forum Civique Européen. Elle diffuse dans les quatre langues qui sont parlées par les populations locales sur l’ensemble du territoire communal. Ce vidéo de quelques minutes retrace les premières heures d’ émissions de cette radio. Désormais, les populations de Faléa ont à leur disposition le moyen d’accès le plus adapté  d’information sur l’uranium, la radioactivité et les projets miniers. Les habitants pourront prendre la parole, se concerter et se mobiliser dorénavant plus efficacement pour faire entendre leur voix et défendre leurs intérêts collectifs.Le défi que l’équipe de la radio devra relever immédiatement est celui de traduire en langues locales beaucoup d’informations qu’il faut connaitre face à un projet de mine d’uranium. Connaitre ce qu’est la radioactivité, le gaz radon, l’uranium, les méthodes d’exploitation qui menacent, mais aussi les droits qui permettent aux habitants de se prononcer s’ils veulent ou non de cette mine d’uranium. En plus, ils pourraient demander des garanties qui leur seraient, au cas échéant, données pour la réhabilitation – renaturation du site après la fin de l’exploitation.

Affaire de l’uranium de Faléa : La vérité et les non-dits

L’article de Adam Thiam a été publié par divers médias au Mali. Il vient d’être publié également ce 20 avril 2011 par Meredit sur le site Club de l’Europe wordpress.

Le président du Mali Amadou Toumani TOURE (ATT) a dit qu’il n’était pas au courant de l’affaire de l’exploration de Faléa dont le permis a été approuvé en conseil de ministres. Eva Joly en mission à Bamako a mis les pieds dans les plats. Et comme l’uranium irradie, on va bientôt avoir besoin de masque pour approcher Modibo Sidibé.

C’est une Eva joly toujours humble comme à son habitude mais fière d’avoir remporté sa bataille qui a repris l’avion ce soir du 29 mars. Quelques heures auparavant, elle était reçue par ATT avec sa délégation de cinq personnes dont l’Eurodéputée, Michèle Rivasi, Vice-présidente de la Commission Environnement-Développement. Objet de l’audience : un contrat d’exploration contre lequel les populations de Faléa, commune de 17 000 habitants dans le cercle de Keniéba à 600 km de Bamako protestent depuis 2009. Eva Joly s’était rendue sur le site les 26 et 27 mars. Elle a discuté avec les populations sur l’affaire. Les vingt-un chefs de villages de la commune étaient présents à la rencontre en plus du Conseil communal dirigé par le Maire. Ils maintiennent leur position : ils ne veulent pas d’activités autour de l’uranium.

L’eurodéputée n’est pas que l’icône de la lutte à mort contre la corruption. Elle surveille également comme le lait sur le feu la question de la justice économique et de la transparence dans l’industrie extractive. L’affaire du cuivre zambien dans laquelle elle est une avocate passionnée des intérêts de l’Etat zambien contre le prédateur chinois l’a rendue plus célèbre en Afrique. Qui plus est, elle est une militante anti-nucléaire connue.

Lorsque l’altermondialiste malien, Mani Camara, résidant depuis sa convalescence à Paris, la rencontre en 2010 à l’Université d’été des Ecolos à Nantes, c’est avec un dossier bien ficelé de l’Association des Ressortissants et Amis de la Commune de Faléa (Aracf) dont le secrétaire à la Communication n’est autre que l’excellent communicant et altermondialiste Nouhoum Kéita de Radio Kayira.

Activisme tous azimuts

Cette commune fait partie de cinq localités maliennes pour lesquelles existent, à l’heure actuelle, des contrats d’exploration d’uranium. Le ministre des mines sortant Aboubacar Traoré, reconnaît avoir fait adopter quatre contrats par le Conseil de ministres en février dernier, celui de Faléa ayant été approuvé sous le numéro PR 07/304 du 19 févier 2007avec une superficie délimitée de 150 km2 par le même conseil de ministres lorsque Ahmed Diané Séméga était en charge des Mines.

Le montant forfaitaire des permis de recherche minière étant légalement de 500 000 Cfa, la thèse de la magouille ne convaincra pas si facilement ici. Ainsi la Convention d’exploration de l’uranium dans la commune de Faléa accordée à la canadienne Rockgate « est donc bel et bien approuvée par le gouvernement et est régulière en tous points », souligne l’ancien ministre.

Mais ce 29 mars, Eva Joly emportée et émue par la pauvreté de la Commune qu’elle venait de visiter crie au scandale devant le président Touré entouré de ses conseillers. L’ombre du désastre nucléaire japonais plane. La juge écolo invoque des morts d’animaux. Il est vrai qu’en 2010, « un éleveur du nom de Danfaga s’était plaint que « quatre de ses animaux étaient morts après avoir brouté de l’herbe dans une partie qui venait d’être sondée par Rockgate ». L’infortuné saisit le Conseil communal de Faléa et celle-ci en informe l’entreprise qui exige… l’autopsie aux frais de Danfaga endeuillé. Elle n’aura jamais lieu cette autopsie mais Eva Joly à qui l’histoire a été contée est, encore, plus choquée.

Rendre Modibo Sidibé radioactif

Devant le président, elle continue son réquisitoire et le termine par le risque de contamination des terres agricoles. Sa verve irradie ATT qui, fâché, avoue qu’il ne savait pas et demande à ses conseillers comment on peut avoir un tel culot sans l’en informer. Pour Eva Joly, c’est plié. Elle rend compte à Paris « le président Touré a promis d’arrêter les forages, de ne pas délivrer de permis d’exploiter et de désormais favoriser l’agriculture plutôt que les industries polluantes ». Mais elle est rectifiée peu de temps après par un conseiller présidentiel proche du dossier cité par l’Afp : « il n’y a pas eu de prise de décision de faire arrêter tout de suite les forages. Pour le moment, on assiste à une phase exploratoire dans cette mine. C’est l’exploration qui est en cours, et elle continue ». L’Afp avait raison. Hier, le ministère des Mines confirmait que Rockegate continuait.

L’Ambassade du Canada intéressée par l’affaire, la firme incriminée étant canadienne, se saisit du dossier et s’étonne de l’amalgame entre le stade d’exploration où se trouve Rockegate et le stade d’exploitation mentionné dans la presse. Abdoulaye Pona, le tout nouveau Président de la Chambre des mines dit qu’il n’a jamais été saisi du dossier de Faléa mais assure que ce vendredi, il devrait rencontrer les ressortissants de ladite commune.

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SCREAMING 4 FUKUSHIMA
Illustration Creative Commons Copyleft mise à disposition parwww.journarles.org

Il ne veut pas parler de l’affaire avant d’en connaître les tenants et les aboutissants. Sage précaution dont la presse s’est écartée qui voit dans ce « scandale » la main de « Aboubacar Traoré et par ricochet Modibo Sidibé » selon les milieux proches de l’ancien Premier ministre. Quid de la perquisition dont le ministre sortant des mines aurait été l’objet de la part de la Sécurité d’Etat ? L’intéressé dit lui-même « avoir lu cela dans la presse ». Les sources sécuritaires démentent. Et personne au ministère de la justice n’est au courant d’une quelconque information ouverte sur ce dossier. La vérité est donc à rechercher du côté des non-dits. Mais « c’est de bonne guerre et ça ne fait que commencer » prévient-on dans l’entourage du Premier ministre sortant. C’est vrai qu’il n’y a pas mieux que cette affaire pour le rendre radioactif !

Adam Thiam

Rapport au sujet de la mission des parlementaires européens et de la CRIIRAD à Faléa et Bamako

Le communiqué de l’ARACF du 3 avril 2011

Extrait du Communiqué du 3 avril 2011 de l’Association des Ressortissants et Amis de la Commune de Faléa

Le Président de la République Amadou Toumani Touré quant à lui, lors de l’audience qu’il a accordée à la mission des eurodéputés Verts-ALE, a déclaré qu’il n’a pas été informé sur la situation réelle qui prévaut sur le terrain à Faléa et s’est engagé à arrêter les opérations de forage et de carottage. En plus, il a affirmé que si la population de Faléa ne veut pas de ce projet minier, le permis ne sera pas délivré à Rockgate et qu’il préférera développer le secteur agricole dans la Commune Rurale de Faléa.

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Jardin à Faléa
Photo prise par la délégation du Forum Civique Européen en février 2011 lors de l’installation de l’antenne parabole pour le désenclavement informatique de Falea.

L’intégralité du Communiqué du 3 avril 2011 ARACF

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Communiqué de presse de Mme Eva JOLY

La délégation des parlementaires écologiste européens à Falea et Bamako

Eva Joly et Michèle Rivasi obtiennent l’arrêt de l’exploitation d’une mine d’extraction d’uranium au Mali

Convaincu par les informations recueillies par Eva Joly et Michèle Rivasi, eurodéputées Europe Ecologie-Les Verts, le président du Mali, Amadou Toumani Touré, a pris la décision de faire arrêter les forages d’uranium dans la région de Faléa, à l’Ouest du pays. Les eurodéputées mettent ainsi fin à une lutte de quatre ans entre les habitants de cette région et une société canadienne, propriété de Rockgate Capital Corp, qui y avait obtenu des permis d’exploration de gisements de cuivre, de bauxite et d’uranium de la part du gouvernement en 2007. Many Camara, l’émissaire en Europe de l’Association des ressortissants et des amis de la commune de Faléa, était venu rencontrer les eurodéputées pour leur exposer les menaces pour les 17 000 habitants des 21 villages de cette région, où par ailleurs la biodiversité est exceptionnelle. Les mines d’uranium provoquent en effet la dispersion dans l’air de poussières fortement radioactives ainsi que des rejets d’eau contaminée. Les deux eurodéputées se sont ensuite rendues sur place, dans ce lieu enclavé et situé à 800 kilomètres de la capitale Bamako, afin de constater par elles-mêmes l’importance du problème et de rencontrer les maires des communes concernées et la population.

Appel à solidarité de la revue durable

Source : La revue durable

une revue franco-suisse indépendante
cinq numéros par an
des articles clairs et denses en informations utiles
l’actualité internationale de l’écologie et du développement durable : débats, manifestations, nouveautés éditoriales, campagnes
des interviews de personnalités engagées

La revue durable lance un appel de solidarité pour FALEA

L’espoir reste de mise

Dans le visage et la voix de Many Camara se lit et s’entend la conviction que l’espoir reste de mise, qu’il y a toujours quelque chose à entreprendre, qu’il n’est jamais trop tard pour faire preuve d’intelligence face à l’adversité. Même si cette adversité prend la forme, en l’occurrence, d’une armée d’excavatrices géantes prêtes à réduire en bouillie des roches radioactives sous les champs cultivés depuis des millénaires par des paysans qui n’ont rien demandé à personne. Les excavatrices ne sont pas des chars d’assaut qui avancent impitoyablement : nous avons le pouvoir de les ralentir, de les orienter, voire de les arrêter, prouve par ses actes Many Camara, émissaire en Europe de l’Association des ressortissants et des amis de la commune de Faléa (Aracf), située à l’ouest du Mali, et touchée de plein fouet par la quête de ressources minières. Tout dépend de nous, de notre faculté à vouloir d’autres pratiques et à agir pour donner une pleine expression à cette volonté. Là où nombreux sont ceux qui pleureraient devant l’incommensurable propension humaine à tout détruire depuis que l’humanité en a les moyens techniques et industriels, là où beaucoup verseraient dans une rage désespérée susceptible de déboucher sur une révolte violente à l’image du quatuor à l’oeuvre dans Le gang de la clef à molette d’Edward Abbey, Many Camara et l’Aracf ont des propositions constructives à faire aux villageois et aux paysans de Faléa, à l’entreprise minière canadienne qui s’apprête à forer son sous-sol, aux institutions maliennes et à la société civile mondiale. L’Aracf, fondamentalement, compte sur la solidarité. Et ce qui paraît banal au premier abord est en fait, à y regarder d’un peu plus près, révolutionnaire. C’est d’abord, bien sûr, une solidarité traditionnelle en Afrique que l’Aracf vise, celle qui lie les personnes originaires d’un village à leurs familles restées au pays. Mais elle cherche aussi, de façon très ambitieuse et novatrice pour le projet dont il est question ici, à stimuler une solidarité à l’échelle du monde.

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FALEA la verte

Les machines, routes et travailleurs qui vont bientôt débarquer

L’Aracf veut documenter de A à Z, du point zéro, c’est-à-dire avant l’exploitation des mines de Faléa, au point d’arrivée, qui est encore ouvert, l’histoire et le devenir de ces terres et des populations qui y vivent. Les machines, routes et travailleurs qui vont bientôt débarquer menacent de laminer cette région aujourd’hui productive et préservée. Tout cela à cause des besoins insatiables des pays « riches » en énergie, en l’occurrence nucléaire, et en métaux, en l’occurrence l’aluminium. Voilà pourquoi l’Aracf et les organisations européennes, (essentiellement suisses et françaises) impliquées dans le sauvetage de Faléa lancent, notamment via LaRevueDurable, un appel à l’aide, au soutien, à l’engagement. Elles veulent créer une veille internationale de collectivités solidaires et établir des partenariats avec le milieu académique partout dans le monde.

Veille internationale de collectivités solidaires

La commune de Faléa recherche des correspondants dans une cinquantaine de collectivités du monde, à l’instar de Genève, afin de : • fournir un appui institutionnel à l’Aracf ; • rassembler assez de moyens pour finaliser l’enquête « Point zéro » ; • financer une contre-expertise officielle avec l’Oeko-Institut, basé à Darmstadt, en Allemagne ; • prendre en charge la réalisation d’autres études de référence : impacts sanitaires, sur la biodiversité et les patrimoines culturel, matériel et immatériel ; • procéder à la rapide remise en route de la radio communautaire pour que l’information et l’expression des populations locales puissent circuler dans les différentes langues qu’elles pratiquent ; • allouer plus de moyens à la seule instance étatique malienne dotée de droits d’ingérence effective, l’Association malienne de radioprotection (Amarap).

Partenariats avec des instituts universitaires

L’Aracf envisage de créer à Faléa une antenne académique permanente et pluridisciplinaire. Etudiants, doctorants et post-doctorants y séjourneraient plusieurs semaines ou mois afin d’y étudier et analyser les changements en cours sous leurs aspects historiques, sociologiques, géologiques, ethnologiques, culturels, géographiques et écologiques. Elle est ainsi en quête de bourses et d’une minuscule infrastructure de communication satellitaire qui désenclaverait la population de Faléa et permettrait aux stagiaires, étudiants, doctorants, etc. d’effectuer leurs travaux sur place.

Services écologiques

LaRevueDurable se permet d’ajouter deux suggestions : l’une est de déterminer la valeur des services écologiques qu’offrent les écosystèmes présents à Faléa, la faune et la flore, les sols, les forêts et les nappes phréatiques dont une partie substantielle sera inévitablement souillée et risque d’être irrémédiablement perdue. Cette étude s’inscrirait dans le chantier ouvert par l’évaluation internationale intitulée « Économie des écosystèmes et de la biodiversité ».

Une telle évaluation devrait en outre inclure une analyse des gagnants et des perdants …..

 

 

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