Uranium : Faléa en débat au Forum des peuples

Pour son troisième jour de débats, la 10ème édition du Forum des peuples à Niono a ouvert ce mercredi les discussions sur une thématique très attendue : « La problématique des exploitations des ressources minières et énergétiques au Mali et en Afrique, cas de Faléa : Quels impacts, droits des communautés, responsabilités de l’Etat et des sociétés minières ». Le thème, qui est jugé pertinent par les participants à ce contre-sommet du G20, reste d’actualité au moment où les travaux de recherche d’uranium dans la commune de Faléa (dans la région de Kayes), font l’objet de nombreux débats dans notre pays.

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Nouhoum KEITA, l’un des panellistes

« Faléa est menacée, les populations sont inquiètes »

Présenté par le secrétaire à la communication de l’Association des ressortissants et amis de la commune de Faléa (ARACEF), le thème a eu un succès d’audience avec la participation de nombreux chercheurs, et spécialistes de la question minière. D’entrée de jeu, le conférencier fera savoir que le secteur minier a remplacé de nos jours au Mali, l’agriculture d’exportation (dominée par la monoculture du coton) comme principale source de devises. Mais dans la montée en puissance de l’exploration et de l’exploitation des ressources naturelles promues par le gouvernement malien (l’uranium et la bauxite) occupent désormais une place de choix. Le plus important potentiel d’uranium se trouve ainsi dans la commune rurale de Faléa

Pour Nouhoum Keïta, la ruée des multinationales vers le Mali s’explique par le fait qu’en plus d’un sous-sol extrêmement riche, le pays offre un environnement propice pour l’enrichissement des investisseurs internationaux et la sécurisation de l’approvisionnement des puissances étrangères en produits de base stratégiques. Cependant, remarque le conférencier, au Mali comme ailleurs, en Afrique, l’expérience a montré que le développement de l’industrie extractive n’a pas permis, jusqu’à présent, de relever significativement le niveau du développement économique et social du pays. « Les études et analyses indépendantes (Oxfam America, FIDH,.) ont établi que si le secteur minier constitue un el dorado pour les compagnies privées étrangères, son développement ne garantit ni la protection de l’environnement, ni le respect, la protection et la promotion des droits humains fondamentaux ni l’amélioration à long terme des conditions de vie des populations » fait savoir le conférencier. Qui regrette que Faléa n’échappe à cette règle.

Minerais aux multiples conséquences

« L’uranium est un élément chimique qui n’est pas stable », fait savoir le militant de l’ARACF. Pour qui le minerai se désintègre avec le temps en 13 éléments différents. « Plusieurs éléments ont une période physique extrêmement longue (des milliers d’années). En tant qu’élément chimique, il présente plusieurs dangers. Il est radioactif, et envoie des rayons alpha, bêta et gamma. Il est chimiquement toxique. Il est repro-toxique (toxique pour les organes reproductifs)… », décrit le conférencier. Qui regrette que malgré ces nombreuses conséquences de l’exploitation de l’uranium, les autorités n’aient pris aucune disposition pour prévenir une catastrophe environnementale et sanitaire. « L’uranium hautement enrichi (100%) sert à fabriquer les bombes atomiques », s’alarme le conférencier. Qui prédit dans les jours à venir une sérieuse dégradation du sous-sol et du cadre de vie à Faléa. « Le sol peut-être contaminé avec du plutonium provenant des retombés des essais d’armes nucléaires. Il se déplace lentement en profondeur dans le sol et dans les eaux souterraines. Pour l’environnement et les populations riveraines, il y a également des risques énormes, avec la production d’une grande quantité de déchets radioactifs fluides (stériles) qui resteront radioactif pendant des milliers d’années. Quand les digues des bassins qui contiennent les stériles cassent ou deviennent poreuses l’environnement est contaminé. Les stériles et résidus envoient en permanence le gaz radon dans l’air et l’environnement. La dispersion de la poussière radioactive par le vent et les pluies, infiltration dans les nappes phréatiques et contamination des eaux » prévient le militant de l’ARACF.

Pour le conférencier, c’est face à cette situation que l’ARACEF a pris le taureau par les cornes, en initiant de nombreuses actions de formations, d’information et de sensibilisation des autorités élus et populations de la commune. « Avec l’implantation prochaine d’industries extractives dans cette commune, notre association a décidé de prendre en charge la dimension environnementale et sanitaire des populations. Cela, dit-il, en contribuant, aux côtés de l’Etat malien et de la municipalité de Faléa, à la réalisation effective des droits des populations résidentes (protection de la santé, du cadre écologique, des droits et des intérêts économiques et sociaux, de la culture et des aspirations des communautés vivant dans la Commune (autochtones et allochtones) ».

SOURCE Journaux du MALI – Issa FAKABA SISSOKO – 02/11/2011

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