Lettre circulaire Octobre 2014

LA MENACE D’UNE MINE D’URANIUM A FALEA !

Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer,  mais le village de Faléa sans  mine d’uranium…  c’est encourageant.

Ce que nous vous avons émis comme espoir pour Faléa dans la dernière lettre circulaire se confirme.  La baisse du cours de l’uranium (Yellowcake) n’incite pas à ouvrir de nouveaux gisements. La capacité de production mondiale est trop importante.  On n’est plus  à l’heure  de la spéculation effrénée pour tirer profit de la flambée des prix de cette matière première toxique, mais au contraire à une tout autre époque : la chute continue de son cours.  Conséquence : les titres d’AREVA plongent  de l’ordre de 20% le premier août 2014. Le 9 octobre, l’agence de rating,  Standard and Poor, S&P, parle de perspective négative et donne aux actions d’AREVA le classement BBB.  Encore un peu et c’est l’État français détenteur direct ou indirect de près de 87% du capital d’AREVA qui va, comme d’habitude,  lui « sauver»  la mise !

Le lobby nucléaire n’arrête pas de parler  de nouveaux  projets de centrales nucléaires  à construire, mais omet qu’il va falloir remplacer environ 400 centrales nucléaires dans les 40 ans qui viennent[1]  ..1986 Tchernobyl, 2011 Fukushima, les centrales nucléaires  vieillissantes assurent l’humanité de la survenue certaine d’une nouvelle catastrophe[2] … et ce n’est pas la spéculation sur des titres en perte de valeur qui  qui empêchera cela.

Les conséquences graves de FUKUSHIMA au Japon,  dont les effets  ont atteint  même la capitale Tokyo, selon les observations du médecin japonais Dr Shigaru Mita[3] adressées dans une lettre à ses confrères, donnent encore des raisons supplémentaires  aux habitants de Faléa pour s’opposer à l’ouverture d’une mine d’uranium dans le cadre écologique où ils vivent et qui est la terre sacrée de leurs ancêtres. Leur opposition au projet de mine d’uranium peut être considérée comme un acte de solidarité avec les contaminés au Japon.

L’année prochaine, seront  commémorés  les 70 ans de l’utilisation de la bombe nucléaire. L’Association des  Ressortissants et Amis de la Commune de Faléa (ARACF-ASFA21), rêve de pouvoir envoyer une petite délégation à Nagasaki et Hiroshima au Japon.

La catastrophe de FUKUSHIMA contribuera, espérons-le à la mise en place lente, laborieuse mais certaine de la sortie du nucléaire…

A Faléa, Denison Mines (DNN) ne se précipitera pas pour installer  l’infrastructure nécessaire pour une nouvelle mine d’uranium.  Le brouillon de l’Étude d’Impact Environnemental et Social (EIES)  est quelque part dans des tiroirs… En conséquence, il n’y aura pas la nécessité d’une consultation populaire  dans les mois à venir ni  mêmes  dans les toutes  prochaines années.

 Rappel des objectifs de l’action de l’initiative Citoyenne ARACF  à  FALEA

1) Éviter la destruction de la Commune de Faléa par l’implantation d’une mine d’uranium,

2) Appuyer et  renforcer la démocratie locale à Faléa et dans le Cercle de Kéniéba (exemple : consultation populaire dans le cadre de l’EIES)

3) Favoriser la mise en place d’activités économiques durables au bénéfice  des populations  en respectant l’environnement, les Droits humains, la justice sociale, le patrimoine et la culture des habitants.

Si les objectifs restent immuables, les actions pour les atteindre ont connu des mutations importantes au cours de l’année écoulée.

C) Des petites victoires d’étapes pour gagner la bagarre ?

1) L’exploration pour la mine d’uranium a cessé à Faléa. La société qui a détenu les droits d’explorations sur le site de Faléa, Rockgate Capital Corp, a été acquise à 100 % par DENISON (DNN)[4]. ARACF-ASFA21 a constaté des irrégularités flagrantes dans l’attribution des concessions minières et poursuivra ces pistes qui mènent aussi au Canada. Une bagarre juridique s’impose.

2) La société CAMEC[5], promoteur de la mine d’extraction de bauxite sur le territoire de la Commune de Faléa (voir sur le panneau 2 de l’exposition «Faléa, la menace d’une mine d’uranium», la carte de l’attribution des concessions) a retiré tous ses équipements.

3) ARACF-ASFA21et la Commune de Falea ont réussi à contraindre le Gouvernement du Mali à débloquer le dossier du  bac automoteur traversier (équipement immobilisé à Keniéba, chef-lieu de la circonscription administrative d’appartenance de la Commune de Faléa depuis 2006) pour désenclaver la région qui est inaccessible pendant toute la période des pluies.

4) Bambou : un projet pilote de développement de la filière bambou a été élaboré et le démarrage de sa mise en œuvre est prévu en 2015

5) Analyse d’eau : une étude préliminaire portant sur la qualité des eaux de source des montagnes et des nappes captives a été concluante. L’association prépare, avec l’appui d’experts, l’étude de faisabilité d’un projet de captage, de filtrage, de traitement, de conditionnement et de mise en marché. Un volet sera consacré à l’appui à la Mairie de Faléa pour mettre en place une régie municipale d’eau potable.

6)  Radio : outil d’information, de sensibilisation, de communication, mais aussi de mobilisation et de participation  à la gouvernance démocratique, et outil de développement pour tous les acteurs locaux, nationaux et étrangers a encore, ces jours-ci, – face à l’urgence  de l’EBOLA  – un rôle d’information très important à accomplir.

7) Mise à disposition d’un véhicule 4x 4 tout terrain pour les références-évacuations sanitaires : il a permis en 2013 d’effectuer 48 évacuations vers le Centre de Santé de Référence de Keniéba pendant la période de crue du Fleuve Falémé (saison des pluies), sauvant ainsi plusieurs vies humaines (notamment de femmes en difficulté d’accouchement et de nouveau-nés)

Les nombreuses activités de l’initiative citoyenne ont favorisé une prise de conscience par les habitants de la nécessité de protéger le cadre écologique et de préserver la biodiversité dans toute la région géographique d’appartenance de la Commune Rurale de Faléa (zone de biosphère Bafing-Falémé).

La réflexion se développe sur les conséquences désastreuses et irréversibles des industries extractives sur l’ensemble de l’environnement dans cette zone transfrontalière Guinée-Mali-Sénégal et sur le bassin versant du fleuve Sénégal.

Des actions d’envergure commencent à se mettre en place, tel que le projet ERSAP.[6] Des partenaires internationaux au développement comme les Pays-Bas, le PNUD[7], l’UICN[8] s’orientent vers la création de grandes réserves d’espaces naturels et de faune dans la région. Ceci pourrait mener concrètement vers la constitution et l’aménagement du territoire de la Commune Rurale de Faléa en un parc naturel national du Mali.

 

Les projets miniers sont une menace considérable pour la nappe phréatique, l’eau potable des bassins versants des grands fleuves de l’Afrique de l’ouest. L’initiative citoyenne de Faléa, compte tenu de l’expérience des quatre années écoulées, évalue actuellement la faisabilité d’un regroupement d’ initiatives existantes dans le bassin versant du Sénégal en vue de tisser ensemble des liens de solidarités, d’échange de savoirs et de compétences avec des partenaires agissant ailleurs pour la protection de l’eau dans leurs bassins versants respectifs à l’exemple de la régie des eaux de Paris, qui collabore avec des partenaires  pour mettre au point la mise en place , le passage en agroforesterie de deux bassins versants en Ile de France[9]

Avec nos cordiales salutations,

pour le FCE ARACF –ASFA21

Hannes LAMMLER Prof Many CAMARA


[2] http://www.sueddeutsche.de/wissen/atomkraftwerke-ein-super-gau-pro-jahrzehnt-1.1365163

Une catastrophe par décennie selon une analyse de l’Institut Max Planck  de Mainz (RFA)

[4] 17 janvier 2014

[5] CAMEC (Central African Mining And Exploration Company) a été acheté en 2006 par la très controversée Eurasian Natural Resources Corporation qui, « chassée » de la Bourse de Londres en décembre 2013 vient de s’installer sous le nom de Eurasian Natural Ressources à Luxembourg. L’un des propriétaires majoritaires a été, il y a dix ans, la cible d’une enquête judiciaire suisse et belge au sujet de commissions occultes de l’ordre de 50 millions de $

[6] Programme de renforcement du système des aires protégées (ERSAP) financé par PNUD, etc.

[7] Programme des Nations Unies pour le Développement

[8] Union Internationale pour la Conservation de la Nature   (Gland  CH)

[9] L’écologiste No 43,  pages 41-45 juillet août septembre 2014

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